Quand des pêcheurs découvrent une créature échouée sur la glace, ils n’en croient pas leurs yeux

Pour Mallory Harrigan et Cliff et Alan Russell, le 22 juin 2018 n’est qu’une journée froide de plus qui commence. Le trio navigue le long des côtes du Labrador, au Canada, à la recherche de crabes. Mais ils sont rapidement confrontés à quelque chose de totalement inattendu. Sur un iceberg proche, une créature paraît en difficulté. Elle semble avoir froid, être seule, et elle est attaquée en piqué par des mouettes voraces . Touchés par son état, Harrigan et les deux Russells se disent qu’ils n’ont pas d'autre choix que d'intervenir... C’est alors qu’ils se retrouvent confrontés à quelque chose de très surprenant.

Ce n’est vraiment pas de chance car, jusque-là, la navigation avait été plutôt calme. D’accord, le groupe avait un peu de retard, mais rien de fâcheux n’était arrivé. Comme le rappelle Harrigan au magazine People un mois plus tard, "Nous étions partis un peu tard. Une quantité inhabituelle de glace nous avait empêchés de sortir."

La journée s'était donc passée comme n'importe quelle autre. Le trio naviguait sur son navire nommé The Northern Swan (“Le Cygne Nordique”), en direction de Pinsent's Arm. Ils avaient prévu de s'y arrêter pour faire le plein. Mais alors que l'équipage allait vers la ville, ce qui aurait dû être une journée ordinaire se transforma soudain en un jour inoubliable.

A environ six kilomètres de la côte, l'équipage remarqua la présence d’un iceberg qui attira leur attention. Il ressemblait à un champignon – mais ce n'est pas cela qui attira le plus l'attention du trio. Un animal semblait coincé au sommet... et paraissait avoir bien besoin d'aide.

Cet iceberg flottait en mer, et s'y trouvait juché un animal coincé et en détresse. Au début, les trois membres d’équipage se sont imaginé que la créature devait être un phoque. Mais si tel était le cas, pourquoi n'avait-il pas plongé et nagé jusqu'à un endroit sûr ?

Sans doute parce que cet animal n'était pas un phoque – ni une créature marine tout court. Et n’étant pas un nageur naturel, cette créature si vulnérable était coincée sur cet iceberg sans espoir d'être secourue. Enfin, du moins si l'équipage du Northern Swan ne s’était pas rapidement mis à la tâche !

Heureusement, Harrigan, son partenaire Cliff et son fils Alan se sont tous montrés à la hauteur. Le trio n’a apparemment pas pu passer à côté de l'animal pris au piège sans lui venir en aide, quitte à en oublier momentanément son propre agenda. Mais leur mission de sauvetage n'allait pas être une promenade de santé.

Les icebergs peuvent, après tout, être très dangereux. Le Titanic, ça vous dit quelque chose ? En effet, ces structures gelées peuvent être instables. Des morceaux de glace sont susceptibles de se détacher et de s'écraser dans l’eau qui les entoure. Il faut donc éviter de trop s'en approcher pour éviter de recevoir des débris sur la tête.

On retrouve de nombreux icebergs dans ces eaux côtières de la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador. Mais seule une petite fraction de ceux-ci provient de la région arctique canadienne elle-même. Un dixième, dit-on, le reste étant issu des glaciers du Groenland.

Mais quelle que soit l'origine de ces icebergs, on en trouve énormément à Terre-Neuve-et-Labrador. Tellement, en fait, que les gens qui y vivent ont trouvé différentes manières intéressantes de les utiliser. L'eau des icebergs peut ainsi être bue, par exemple. Et elle est utilisée dans la production de boissons alcoolisées comme la bière, le gin et la vodka.

En avril 2017, un iceberg au large de Terre-Neuve-et-Labrador a fait beaucoup parler de lui. Il était énorme. Les gens pouvaient même l’apercevoir depuis un petit village côtier nommé Ferryland. Le maire de la ville a déclaré à l'agence de presse The Canadian Press: "C'est le plus gros que j'ai jamais vu dans le coin".

L'iceberg de 45 mètres de haut a fait sensation, les habitants de la région se rendant à Ferryland pour l'apercevoir de loin. Les touristes ont aussi suscité un fort intérêt en mettant en ligne des photos de l'iceberg. Les regards du monde entier étaient alors braqués sur la petite ville canadienne.

L'année 2017 a donc été marquée par ces icebergs à la dérive dans les eaux du nord de l'océan Atlantique. Les experts en ont enregistré plus que d'habitude cette année-là et expliquent ce pic par deux raisons. D’abord, des vents d'une intensité et d'une direction inhabituelles ont pu faciliter la présence d’icebergs dans la région. Mais leur suggestion la plus perturbante consistait à dire que le réchauffement climatique était la cause qui poussait ces mastodontes à se détacher des glaciers du Groenland.

Peu importe les raisons derrière leurs apparitions, les icebergs peuvent être fascinants à observer. Après tout, ces structures peuvent comporter des taches colorées, des tunnels et des morceaux de roche gelés. On sait aussi que des créatures ont été piégées et préservées dans ces amas de glace flottants.

En effet, on ne peut jamais être sûr de ce que l'on va rencontrer lorsqu’on se retrouve face à un iceberg. Mais l'équipage du Northern Swan est resté sous le choc en s’approchant de l'animal piégé sur l'iceberg. Plus ils se rapprochaient, plus il devenait évident que l'identité de l'animal en détresse ne correspondait pas à ce qu'ils avaient pensé au départ.

Au cours d’un entretien avec The Dodo quelques jours après l’incident, Harrigan a évoqué leurs sentiments en déclarant, "Nous pensions que c'était un bébé phoque." Pourtant, ils ont rapidement éliminé cette possibilité en s'approchant. Alors, si ce n'était pas un phoque, qu’est-ce que l’équipage a bien pu rencontrer ?

À l’immense surprise des trois marins présents à bord du Northern Swan, la créature en question n'était pas un animal marin. D'ailleurs, il ne s’agissait pas d’une espèce qu’on pourrait s’attendre à trouver si loin en mer. Comme Harrigan l’expliqua ensuite à People, "C'était un petit renard arctique."

Les renards arctiques vivent en général dans des terriers. D'où découle immédiatement cette question : comment, ou pourquoi, l'un d'entre eux était-il parvenu à échouer sur un iceberg perdu au milieu d'une mer glaciale ? Eh bien, comme l'a expliqué Harrigan à Bored Panda, Cliff avait sa propre idée sur la question.

Harrigan a déclaré : "Il s’est probablement retrouvé coincé en cherchant à manger. Cliff dit que, selon lui, le renard est sorti pour trouver un peu de viande sur la glace et que celle-ci s'est brisée, envoyant le petit renard à la mer." Tout bien considéré, cette théorie semble plutôt plausible.

Les renards arctiques sont généralement des créatures robustes, bien adaptées aux rudes conditions de la région arctique. Leurs petites oreilles, leurs pattes couvertes de fourrure et leur petit museau leur permettent de survivre à des températures négatives extrêmes. Malgré tout, ce renard en particulier semblait dans un gros pétrin lorsqu’il fut trouvé par l'équipage du Northern Swan.

Le renard était émacié et gelé, apparemment pas loin de perdre la vie. Harrigan et les Russel étaient touchés par la situation désespérée de la bête, mais aussi un peu réticents à l'aider. En plus des dangers liés au fait de se rapprocher d'un iceberg, il fallait prendre en compte le fait que le renard est un animal sauvage. Ils ne pouvaient pas savoir comment il allait réagir à leur présence.

Malgré tout, l'équipage s’est décidé à agir dans l'espoir de sauver la vie du renard. Ils ont donc fait voile vers l'iceberg et se sont efforcés d'attirer l'animal sur le navire. Mais la créature hésitait à quitter l'iceberg pour le bateau, comme l'a rappelé par la suite Harrigan à Bored Panda.

Harrigan explique : "[Le renard] essayait de nous fuir au début, donc nous avons eu du mal à le faire monter à bord." La créature devait être extrêmement désorientée par tout ce qui lui arrivait. Et pour l'équipage, une éventuelle réaction violente était quelque chose d’inquiétant.

Mais l'équipage a mis ses inquiétudes de côté pour réussir son sauvetage. Après tout, s'ils abandonnaient l'animal, il allait sans doute mourir. Comme l'explique Harrigan à The Dodo, "Nous savions que nous étions sa seule chance de survie, car le vent avait tourné et poussait la glace vers le large".

Mais l'animal s'est tout de même résolument débattu. En fait, l'équipe a dû déployer des trésors d’ingéniosité pour prendre le contrôle de la situation. S'adressant à People, Harrigan explique comment ils ont procédé en disant : "Nous avons dû briser le morceau de glace sur lequel il était pour l’amener dans l'eau et le ramasser à l'épuisette."

Une fois dans l'eau glacée, le renard s'est débattu jusqu'à perdre toute son énergie. Ce n'est qu’à ce moment que l'équipage a pu le tirer à bord. Ils y ont installé un lit temporaire pour permettre à la créature affaiblie de se reposer et de reprendre des forces.

Au cours de son entretien avec People, Harrigan se souvient : "[Le renard] s’était réfugié en boule dans un coin. Nous avons essayé de lui donner des chips et des crackers à manger, tout ce que nous avions à portée de main, mais il a refusé de manger pendant un long moment." Bien entendu, cela fut source de préoccupations, car l'animal avait plus que besoin de se nourrir.

Les membres de l'équipage s’inquiétaient à l’idée que leurs efforts de sauvetage aient été vains. La vie du renard semblait tenir à un fil et sa survie était loin d'être assurée. Mais la créature s’est finalement installée sur son lit de sciure, où elle a pu se reposer et se réchauffer.

Harrigan a expliqué à People que le renard s'était endormi presque à l’instant même où il s’était roulé en boule dans son lit. Et il a ensuite dormi plusieurs heures sans interruption. En tout cas, cela témoigne du stress qu'il a dû endurer lorsqu’il se trouvait sur l'iceberg.

Le renard a pourtant fini par se réveiller. Et à ce moment-là, il a enfin mangé quelque chose, comme l'a expliqué Harrigan à Bored Panda : "Il ne voulait rien manger durant les cinq ou six premières heures. Nous lui avons donné des chips et des crackers, mais il n'a rien voulu jusqu'à son réveil, où nous l’avons nourri avec une conserve de saucisses de Vienne."

Dès lors que l'équipage avait apporté au renard la preuve qu'ils essayaient de l'aider, ce dernier semblait se détendre un peu. Il avait enfin pu manger et se reposer après ce qu’on peut imaginer avoir été un long, très long moment. Et une fois le bateau arrivé à bon port, le renard a été libéré.

Il n’y a pas moyen de savoir depuis combien de temps exactement le renard était coincé sur l'iceberg, mais son apparence fournissait un indice. Comme l'explique Harrigan à People, "Un de nos amis nous a expliqué plus tard que la fourrure d’un renard arctique devrait être brune à cette époque de l'année. Le fait que son pelage soit encore principalement blanc était un indicateur du temps qu'il avait passé là-bas, possiblement plusieurs semaines."

En effet, les renards arctiques ont évolué de telle manière qu'ils arborent une fourrure blanche pendant l'hiver. C'est une caractéristique utile, qui les aide à se fondre dans leur environnement glacé. Mais lorsque l'été arrive, la fourrure passe du blanc au brun ou au gris. Cela les aide à rester camouflés, même après la fonte des glaces.

Ces adaptations aident le renard arctique à chasser ses proies qui, en été, peuvent inclure des oiseaux, des rongeurs et des poissons. Mais quand l'hiver revient, il peut être difficile de trouver des sources de nourriture. Le renard peut alors finir par se résoudre à suivre les ours polaires dans l'espoir de récupérer une partie de leurs restes.

C'est sans doute une telle chasse pour trouver de la nourriture qui a amené le renard arctique d'Harrigan à se retrouver coincé sur cet iceberg. L'animal était probablement en train d’essayer de survivre, mais au lieu de cela il a fini par se retrouver dans une situation délicate. Heureusement que des bons samaritains en bateau sont passés par là au bon moment.

Si l'équipage n'était pas passé à côté, le renard se serait très probablement retrouvé en haute-mer, sans espoir de revenir à terre vivant. Comme l'explique Harrigan, "Les vents avaient changé vers le sud-ouest. Donc, si nous ne l'avions pas trouvé à ce moment, il aurait dérivé encore plus loin en mer."

Mais la chance – bien aidée par notre équipage – est intervenue, et le renard a survécu à son épreuve. Après avoir mangé, le renard a été libéré par ses soigneurs pour qu'il vive à nouveau sa propre vie. Harrigan a déclaré à The Dodo : "Nous l'avons amené dans une vieille niche pour chien. Il s'est secoué et c'était fini, il était parti !"

Après cela, les gens pouvaient encore apercevoir le renard dans la zone où il avait été libéré. En fait, Harrigan n'a jamais eu à dire adieu à la créature, comme elle l'a expliqué à People : "Nous pouvons encore le voir de temps en temps, courant autour de l'île et chassant de petits animaux."

Suite à cette pénible épreuve, le renard arctique est devenu une sorte de célébrité. L'histoire de son sauvetage a en effet été rapportée à travers le monde entier, malgré la faible présence d'Internet dans la région où il se trouve désormais.

En tout cas, Harrigan était heureuse pour le petit renard arctique qu'elle avait aidé à sauver de cet iceberg mortel. Comme elle l'explique à People, "Nous savions que notre petit ami allait devenir un sujet de conversation dans notre petite communauté, mais nous ne nous attendions pas à ce qu'il fasse parler de lui dans le monde entier ! Nous sommes très enthousiastes". Mais tous les animaux ne sont pas aussi mignons que ce petit regard - mère Nature peut aussi se montrer terrifiante, comme l'a découvert en 2018 un explorateur urbain.

Dans un parc animalier depuis longtemps abandonné au sud de l'Australie se trouve une énorme cuve remplie d'une substance verte et glauque. Ce liquide est du formaldéhyde, cancérigène à forte dose. Mais ce n'est pas la raison pour laquelle la cuve a pris une telle ampleur sur Internet. C'est plutôt ce qui se trouvait dans le formaldéhyde qui a tant fasciné les gens.

À une époque, le Wildlife Wonderland Giant Earthworm Museum situé à Melbourne, en Australie, attirait des centaines de milliers de visiteurs par an. En 2012, le parc animalier a pourtant fermé ses portes définitivement. Et si presque tous ses habitants ont été relogés, une seule étrange relique a été oubliée. Six années après, un YouTubeur a découvert ce dernier vestige du parc. Mais qu'a-t-il découvert au juste? 

Eh bien, le parc Wildlife Wonderland – situé près de Westernport Bay – créé par un professionnel de l'immobilier nommé John Matthews, a ouvert ses portes en 1985. Outre son exposition de vers géants, le parc abritait des zones réservées aux koalas et aux wombats, ainsi qu’un café et un restaurant. Ses expositions étaient populaires. En fait, environ 350 000 visiteurs visitaient chaque année cette attraction touristique.

Une fois le parc devenu populaire, Matthews a voulu le vendre. Et c'est exactement ce qu'il a fait, confiant Wildlife Wonderland à un groupe d'investisseurs chinois au début du millénaire. Le lieu allait changer une nouvelle fois de propriétaire avant de fermer définitivement ses portes.

Au final, le ministère australien du développement durable et de l'environnement (DSE) a pris la décision de fermer Wildlife Wonderland. Selon le DSE, les propriétaires avaient viré l'exploitant du parc pour avoir essayer d'exploiter celui-ci sans le permis nécessaire. Wildlife Wonderland a donc dû fermer définitivement ses portes en février 2012.

Pourtant, le DSE aurait donné à l'opérateur toutes les occasions possibles pour obtenir le permis nécessaire. En 2012, Ryan Incoll, employé au ministère, s'est exprimé sur ce sujet lors d’un entretien avec la chaîne australienne ABC News : "Nos agents chargés de la protection de la faune sont allés au parc afin de parler à l'exploitant et de l'aider à obtenir le permis. Mais il n'était pas sur les lieux et n'a donc pas obtenu son permis."

En plus de ces soucis administratifs, Wildlife Wonderland a également été attaqué, ces dernières années, par rapport à des allégations de mauvais traitements sur les animaux par les membres du personnel. Lors de la fermeture du parc, le DSE était apparemment en train d’enquêter à ce sujet. Les 130 animaux vivant dans les installations furent transférés, avec l'aide de la RSPCA, au sanctuaire de Healesville, un zoo situé dans l’arrière-pays de l’Etat de Victoria spécialisé dans la faune locale.

Aujourd'hui, le complexe entier est abandonné, même si les visiteurs n’ont pas totalement disparu au cours des années ayant suivi sa fermeture. Des images du parc en plein délabrement ont énormément circulé en ligne. Et on retrouve des signes évidents de la présence de squatters qui se sont installés dans les vestiges du Wildlife Wonderland.

Puis, en 2018, l'explorateur urbain Luke McPherson s'est introduit dans le parc, filmant son aventure à travers les expositions abandonnées. Et dans cette vidéo de presque 29 minutes, on voit clairement à quel point l'ancienne attraction touristique n’est plus que l’ombre d’elle-même. La saleté et la poussière occupent presque chaque centimètre carré du complexe, dont une bonne partie n’est plus à présent que des ruines abandonnées.

Même l'entrée avait été négligée, les bassins extérieurs faisant plutôt penser à des marais. Dans la vidéo, McPherson s'approche d’un des bâtiments et aperçoit un porche délabré. Ici, un panneau indique ce qui fut autrefois l'habitat des wombats, alors que des débris couvrent la terrasse entourée d'une clôture en mauvais état.

McPherson continue alors dans la première pièce, qui – selon un panneau branlant – était hier une nurserie pour de jeunes wombats orphelins. Mais bien que quelque chose ressemblant à de la fourrure tapisse encore le plafond, les murs de pierre sont à présent couverts de graffitis et de gribouillages. Malgré le spectacle désolant, on peut encore facilement s'imaginer que cet endroit était autrefois un foyer accueillant pour les animaux.

Ensuite, en s’enfonçant plus profondément dans le complexe, McPherson et son ami découvrent d’autres vestiges de l'ancien parc. Des photographies de ses anciens habitants sont encore bien présentes sur les murs des enclos, avec des informations destinées aux visiteurs. Et les rochers autour des enclos servaient sans doute, à une époque, de support aux enfants curieux cherchant à avoir une meilleure vue des animaux.

Les bâtiments abritant hier les animaux ne sont pas les seules parties du parc à être en piètre état. Alors que McPherson et son ami continuent à visiter le complexe, ils découvrent plusieurs pièces ayant sans doute servi de bureaux ou de logements. Difficile à dire avec ces images, car chaque pièce n'est que plus que l'ombre miteuse d’elle-même. 

Des meubles – bureaux, étagères, canapés et armoires – sont visibles un peu partout. Selon McPherson, les habitants actuels de ces pièces sont des opossums qui semblent bien s’y être établis. Mais ils ne sont peut-être pas seuls, au vu du grand nombre de matelas éparpillés dans le sanctuaire abandonné.

On retrouve en effet des indices de squatters ayant élu domicile dans le parc abandonné. Dans une pièce, McPherson découvre des emballages alimentaires datés de janvier 2017, et, dans un réfrigérateur, trouve du lait daté d'avril 2016. Ainsi, bien que les explorateurs urbains n'aient rencontré personne vivant dans le parc au cours de leur visite, d’autres semblent être déjà passées par là.

C’est ici que les choses commencent à prendre une tournure effrayante. Dans une autre pièce, McPherson tombe sur un tas de vieux vêtements pour enfants, une poussette, une brosse à cheveux et des jouets. Un magazine retrouvé parmi les objets laisse penser qu'ils se trouvent là depuis 2015, soit trois ans après la fermeture du parc. Une famille aurait donc peut-être habité là à une époque. 

Mais cette découverte n’est pas la plus étrange qui attend le duo durant sa visite des installations. Sans le savoir, ils vont finir par s'aventurer dans la zone abritant la seule attraction restante de Wildlife Wonderland. Et c'est cette partie de la vidéo qui a captivé l'attention du public au niveau mondial.

Grâce à cette incroyable découverte, la vidéo de McPherson a été énormément partagée sur le web. Au total, elle a récolté plus de 14 millions de vues ainsi que des dizaines de milliers de commentaires depuis sa mise en ligne. Et cela n'a fait qu'attirer plus l'attention sur ce parc animalier abandonné et jusque là oublié.

Parmi ces commentaires figuraient de nombreuses réactions choquées – de nombreuses personnes exprimant leur étonnement quant à la découverte faite par McPherson et son ami. Toutefois, le reste de la vidéo a aussi généré une certaine surprise chez les spectateurs. Une personne a écrit, par exemple, "[Le parc] a fermé, [les gens] ont littéralement tout laissé tomber et sont partis. Je ne parviens pas à croire qu'on pouvait encore trouver de la nourriture dans le frigo et de vieilles photos de famille."

Mais si la plupart des attractions abandonnées étaient un minimum effrayantes, ce n’était rien à côté de quelque chose de bien plus sinistre qui attendait les vidéastes. En effet, pour la première fois dans le domaine, ils ne s'attendaient sans doute pas à tomber sur l'un des plus grands prédateurs de la nature. Pourtant, c'est exactement ce qu’ils ont trouvé en entrant dans une pièce.

The Great White Shark

Dans la vidéo, la caméra fait un panorama, et on peut apercevoir des panneaux sur le mur se référant à "une bouche pleine de dents" et "le géant de Phillip Island". McPherson regarde ensuite vers le haut avant de s’exclamer : "Qu’est-ce que c’est que ce truc? Les gars, vous pouvez voir ça ?" En effet, dans un réservoir de liquide vert se trouve un grand requin blanc. Et même si l’animal n’est pas vivant, sa silhouette donne froid dans le dos et donnerait la chair de poule à n'importe qui.

Après avoir vu le clip de McPherson sur YouTube, Don Kransky s'est rendu au parc animalier abandonné afin de voir à son tour le requin. Et, équipé de "masques à gaz douloureusement coûteux" pour se protéger, lui et son ami, du formaldéhyde, il découvre immédiatement ce qu'il recherchait. "C’était difficile de distinguer le requin au début", explique Kransky à Vice en 2019. "Mais on a laissé nos yeux s'adapter, et sa forme s’est révélée, éclairée par la lumière tombant d’un trou dans le toit".

Le formaldéhyde en question n’aurait d’ailleurs pas toujours été vert ; au contraire, il a pris cette couleur suite à des dommages causés au réservoir. "C'est un grand réservoir rempli d’eau trouble car les filtres n'ont pas fonctionné", a déclaré un visiteur du centre au Phillip Island & San Remo Advertiser en 2019. "Vous ne pouviez pourtant pas accéder au requin, parce que le verre est de plusieurs centimètres d'épaisseur.... Il y a [aussi] des vapeurs de formaldéhyde qui sortent du couvercle en Perspex. C'est une horreur."

L'attraction était malheureusement tombée en ruine. En 2019, McPherson a déclaré à Seven Network : "La cuve était énorme et en mauvais état, avec un cadre métallique rouillé, des panneaux de verre cassés et des déchets à l'intérieur." Il ne pouvait rester dans la pièce qu'une minute environ avant d’être submergé par l'odeur nocive des vapeurs de formaldéhyde.

Pourtant, le requin – depuis lors surnommé Rosie – n'était pas à l’origine destiné à être observé par les touristes. Au lieu de cela, le grand requin blanc de plus de quatre mètres s’était tout simplement introduit dans un élevage de thons en 1997, et il avait fallu l'abattre pour protéger les plongeurs qui y travaillaient. En 2019, l'historien local Eric Kotz a déclaré au Port Lincoln Times : "L'argument pour tuer [Rosie] était que cinq plongeurs et plusieurs autres entreprises travaillant dans la zone étaient en danger."

Rosie a ensuite été entreposée dans un congélateur par la famille Lukin, propriétaire des filets de pêche dans lesquels elle avait été capturée. Peu après, le complexe écotouristique Seal Rocks Sea Life Centre – aujourd'hui connu sous le nom de Nobbies Centre – a fait part de son intérêt pour acheter le requin afin de l'exposer. Les propriétaires ayant finalement décidé qu'ils ne souhaitaient pas reprendre l'animal, c’est à ce moment qu’intervient Wildlife Wonderland.

Evidemment, le transport de la créature de plus de deux tonnes jusqu'à Bass se révéla problématique pour les propriétaires du parc animalier. La logistique impliquée dans cette opération était énorme, et nécessita la construction d'un énorme cadre en acier à déposer dans un camion réfrigéré. Puis, alors que le requin était arrivé à la frontière de l'État, le gouvernement d'Australie-Méridionale a fait mettre le véhicule à la fourrière.

Selon Max Bryant, employé de Wildlife Wonderland, Rosie a été privée de liberté à cause d'une affaire de disparition. "Une femme avait disparu sur une plage, et ils se sont dit qu'elle était peut-être à l’intérieur du requin", a-t-il expliqué au Phillip Island & San Remo Advertiser. "Le requin a alors été ramené au South Australian Museum pour y être décongelé et disséqué. Mais on n’a pas retrouvé la femme dedans".

Après l’enquête, Rosie n’est pas revenue dans la glace, mais plutôt dans une cuve spécialement créée pour elle. Elle a ensuite été conservée dans du formaldéhyde l’espace de quelques mois. Durant cette période, l'estomac de Rosie s’est mis à se défaire et il a donc fallu le renforcer avec des fibres de polyester. Au total, ramener le requin au Wildlife Wonderland a coûté environ 500 000 dollars au parc.

L'opération n’a toutefois pas pris fin avec l'arrivée de Rosie au parc animalier. Les propriétaires ont dû faire construire un nouvel emplacement pour le requin, avant d’enlever le toit et de l’y déposer avec une grue. Un bunker en béton a également dû être construit sous le bâtiment afin de parer à toute éventuelle fuite de formaldéhyde, et la cuve elle-même devait être filtrée et surveillée en permanence.

Pourtant, tous ces efforts et ces dépenses dus à l’arrivée de Rosie à Wildlife Wonderland semblent bénéfiques au parc. Celui-ci a commencé à voir augmenter le nombre de visiteurs réguliers, les gens venant en particulier pour voir Rosie. Durant cette période, elle fut le plus grand requin jamais conservé. Et, bien entendu, elle est devenue le centre d'une exposition complète sur les grands requins blancs.

Au cours des années, Matthews a reçu énormément d'appels pour lui demander de faire renaître l'exposition consacrée aux requins. Toutefois, l'arrivée de Rosie dans le parc ayant été un cauchemar logistique, la déplacer à nouveau allait être un "travail gigantesque", comme il l'a déclaré au Phillip Island & San Remo Advertiser. "C'était une attraction fantastique, alors j’ai des frissons à chaque fois que j’y repense", a ajouté Matthews. "Je n'y suis jamais retourné depuis l’avoir vendue".

Mais tout le monde n’est pas resté à l'écart. En fait, après avoir vu la vidéo de McPherson, de nombreuses personnes se seraient apparemment rendues sur le site. Malgré les avertissements de la police locale leur demandant de rester à l'écart sous peine d'être poursuivis pour intrusion, des vandales sont néanmoins parvenus à entrer sur la propriété et ont essayé de briser le réservoir de Rosie. Bien que les intrus n’aient pas réussi à briser le verre de près de huit centimètres, ils l'ont fissuré assez pour libérer une partie du dangereux cancérigène contenu à l’intérieur.

Bien que le formaldéhyde soit en principe dans l'air que nous respirons, ce n’est qu’à de très faibles niveaux. Ainsi, il n’est pas vraiment un danger pour quiconque, sauf pour les personnes déjà atteintes de difficultés respiratoires. Toutefois, selon l'Agence américaine de protection de l'environnement, une grande exposition au formaldéhyde a été associée à des cancers du poumon et de la bouche.

De plus, rentrer en contact avec cette substance peut entraîner des complications comme la pneumonie et la dermatite. Dans des endroits clos ou peu ventilés, elle peut même être fatale par voie de suffocation. Pourtant, en 2019, un porte-parole de l'EPA Victoria a déclaré à news.com.au qu'il était "conscient du requin et de la cuve et [qu'il] ne le considérait pas cela comme dangereux."

En attendant, l’histoire de Rosie se répandait, des militants inquiets créaient une page Facebook nommée "Sauvez Rosie le requin". Et tout cela a semblé fonctionner. En février 2019, les propriétaires de Wildlife Wonderland auraient pris leurs dispositions pour que l'animal soit emmené à Crystal World – un centre proche abritant la plus grande collection de cristaux, de pierres précieuses et de minéraux au monde.

Crystal World a donc ajouté Rosie à son centre d'exposition Prehistoric Journeys, après un long processus de restauration de sa cuve en si mauvais état. Cette décision a été prise après que Sharon Williamson, une employée de Crystal World, ait aperçu la féroce créature sur Facebook. Elle a alors rapidement lancé une campagne pour que le propriétaire de son lieu de travail sauve le requin.

"Sans cela, [Rosie] allait finir à la décharge", a expliqué Williamson au Herald Sun en 2019. "C'était toute une logistique, de l'amener ici et de la vider". Selon le directeur de Crystal World, Tom Kapitany, Rosie était dans un état de conservation étonnamment bon – surtout si on tient compte du fait qu'elle a été laissée à l’abandon pendant des années. Et, à présent, le centre essaie de préserver le requin dans la glycérine pour les siècles à venir.

J'ai dit aux membres de mon personnel : "Sauvez-la. Je me moque du coût de l’opération, mais sauvez-la", a expliqué M. Kapitany au Port Lincoln Times. "Je ne supportais pas de voir un si bel animal, mort ou vivant, détruit". La page Facebook semblerait donc avoir fait le travail, selon son fondateur Trent Hooper. En 2019, il a déclaré au Daily Mail : "C'est tellement formidable comme dénouement. L'Australie s'est mobilisée pour sauver Rosie et pour lui trouver une demeure éternelle à Crystal World."

Pour Kapitany, sauver le grand requin blanc revenait avant tout à sauvegarder son passé. Et cela comprend les dommages subis par sa cuve de la part des vandales de Wildlife Wonderland, auxquels rien ne sera changé. Ainsi, après des années à languir dans un parc abandonné, Rosie va enfin être exposée à nouveau, gratuitement. Et tout l'argent issu de la vente de produits dérivés sera reversé à la préservation et à l'étude des requins – une suite logique pour cette créature à l’histoire extraordinaire.